Février 1990-Février 2020. 30 ans après la Conférence nationale des Forces vives de la Nation au Bénin, le président Patrice Talon relève aussi que le rêve des Béninois lié au développement ne s’est pas concrétisé. Dans « une causerie » diffusée simultanément sur plusieurs médias dans la soirée du mercredi 19 février 2020, le président de la République dit pourquoi « le développement n’est pas au rendez-vous 30 ans après » et comment il pense que le Bénin peut se rattraper.
« La Conférence nationale des Forces vives de la Nation a été pour la plupart de nous, la renaissance de notre espérance de développement dans un environnement de liberté, de démocratie ». Le Chef d’Etat béninois s’en souvient. Dans l’émission « moment politique » sur des chaines de télévision et radiodiffusion de la place hier, Patrice Talon rappelle que c’est un événement qui pour lui, « constitue le fait fondateur de la Nation béninoise après l’indépendance ». «Un événement fondateur de tous les espoirs ; c’était pour nous le nouveau départ, la renaissance du Bénin, le point zéro », dit-il.
Mais 30 ans après, en faisant le bilan de l’évolution du pays, le bilan de ce que cet environnement a permis de construire, l’opérateur économique à l’époque devenu président de la République depuis avril 2016 se demande si les Béninois peuvent être fiers du parcours et des résultats. Sa réponse est claire. «Tout le monde reconnait que nous manquons de tout ; que même les choses les plus caractéristiques de ce que nous avons été, l’école, s’est dégradée. La santé, n’en parlons plus ».
Patrice Talon relève que les infrastructures minimums de confort de vie, l’eau, l’électricité manquent à la plupart des concitoyens Béninois. « 30 ans après, nous avons instauré les libertés, la démocratie, le modèle économique libéral mais nous avons vu que nous n’avons pas été en mesure d’exploiter tout cela pour le développement », résume le chef de l’Etat.
Perdre des libertés incompatibles pour corriger…
Pour cause, le peuple béninois « ne s’est pas mis sérieusement au travail » et beaucoup de Béninois pensent que les acquis de la conférence suffissent, à en croire le Chef de l’Etat. « On a pensé que la Conférence nationale suffisait à elle seule pour créer la richesse, le développement, les emplois. On vient de constater que non, ça n’a pas suffi », souligne le président de la République. «Nous étions pratiquement dans l’anarchie », relève-t-il également.
Face à cela, il défend qu’il est temps de réformer les habitudes dans le pays et de se mettre au travail un peu plus sérieusement. C’est le sens de ses réformes, à l’en croire. « Nous allons les corriger ; nous allons faire plus d’effort, des sacrifices ; nous allons perdre des choses, des libertés qu’on avait et qui devenaient incompatibles avec l’intérêt général », annonce Patrice Talon. Il est convaincu de ce que le peuple béninois a les capacités de pouvoir agir par lui-même pour changer son destin.
Sèmayi Kodjo