Les confédérations et centrales syndicales sont remontées contre l’acte du ministre des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, Mahugnon Kakpo, au sujet des 30 heures hebdomadaires de cours qu’il a décidées pour les aspirants. Ensemble, la Csa-Bénin, Cgtb, Cosi-Bénin, Unstb, Csub et la Cspib ont exposé leurs arguments à la faveur d’une conférence de presse ce vendredi 2 octobre 2020 à la Bourse du travail à Cotonou.
« Le Ministre Kakpo Mahougnon rompt une fois encore la convivialité de nos échanges et impose une pénibilité au statut déjà précaire d’aspirant, remettant ainsi en cause l’option de la gestion conjoncturelle du chômage faite par le Gouvernement ». C’est ainsi que ces six confédérations et centrales syndicales analysent la décision du ministre Kakpo. Cet acte du ministre traduit une mauvaise fois, une ruse et un coup suicidaire à l’école béninoise, ont-ils dénoncé à travers la déclaration liminaire lue par le Sg de la Csa-Bénin, Anselme Amoussou. Pour elles, c’est une « remise en cause de la réforme majeure du Gouvernement Talon axée sur la qualité de la prestation des enseignants ».
D’après leurs explications, cette augmentation de charge n’a pas été retenue lors des rencontres de la grande commission de négociations Gouvernement/Confédérations et Centrales syndicales. « Les engagements pris au cours des négociations syndicales n’ont pas été respectés. On ne sait pas entendu sur ça. C’est de la ruse », affirme Noël Chadaré, SG/Cosi-Bénin. Il s’agit aussi d’une violation des textes dont celui signé par ce même ministre en novembre 2019 fixant la charge horaire à 20 et 22 heures.
Aussi, cette décision traduit-t-elle une préférence pour la quantité au détriment de la qualité et aussi une apologie de l’esclavage auquel on soumet ces « âmes innocentes abusivement baptisées « Aspirants » qui ne sont que victimes des politiques publiques hasardeuses d’une classe politique championne du refus de responsabilité ». Les confédérations et centrales syndicales trouvent que les deux concepts évoqués par le ministre pour justifier une amélioration de conditions derrière cette augmentation de charge est une honte. « La prime de zones déshéritées « à géométrie variable » (la prime est indexée à l’allocation et non aux conditions de vie dans la zone), et le rétablissement de la norme par l’Etat (« violeur ») à travers la déclaration de nos valeureux et patriotes frères et sœurs aspirants au régime de sécurité sociale, comme si cela était facultatif, une générosité de l’Etat employeur », affirme-t-elles dans leur déclaration. Elles ont aussi évoqué le volet lié à la bivalence qui selon elle, dans les conditions actuelles, sera un autre coup fatal à l’offre éducative au Bénin.
« Floué et enfermé dans un contrat précaire et aux contours nébuleux, l’aspirant devra désormais prendre une part active dans la mise en lambeaux du droit social et à la déshumanisation du métier d’enseignant », concluent-elles. Elles invitent le président de la République à ne pas « cautionner cette politique de prédation que lui suggère son ministre ». Elles souhaitent que le chef de l’Etat initie une rencontre entre elles et ceux qui ont pris la présente décision pour trouver ensemble des mesures inclusives car leur souci, défendent-elles, c’est « que le niveau de l’école béninois ne chute pas davantage ».