Jusqu’à la date du jeudi 04 juin 2020, tous les établissements scolaires au Bénin n’ont pas encore reçu la totalité des subventions de la part du gouvernement au titre de l’année scolaire 2019-2020. C’est un constat qu’expose le Secrétaire général du SYNACEES/GTP ATLANTIQUE, Alexandre ADJINAN. Président de la Commission Nationale des Jeunes de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-BENIN), il déplore cette situation qui selon entrave le bon fonctionnement de l’école béninoise. Dans une publication à ce propos, il a évoqué aussi une probable situation de blocage de la phase de correction des examens blancs nationaux puis soulève des interrogations. Lisez-le ci-dessous.
« NON MISE À DISPOSITION DES SUBVENTIONS DESTINÉES AUX ÉCOLES, LYCÉES ET COLLÈGES PUBLICS DU BÉNIN: UNE ATTITUDE DU GOUVERNEMENT QUI POURRAIT CONFIRMER LA THÈSE SELON LAQUELLE L’ÉCOLE BÉNINOISE NE CONSTITUE PAS SA PRIORITÉ.
Le gouvernement de la « rupture » a promis faire de l’école béninoise, une priorité, conformément à l’article 1er de la loi N°2003-17 du 11 novembre 2003 portant Orientation de l’Education Nationale en République du Bénin rectifiée par la loi N°2005-33 du 06 octobre 2005. Mais nous constatons malheureusement que cette promesse est loin de devenir une réalité. Dès son avènement en avril 2016, le régime de la rupture a payé la totalité de la subvention liée aux frais de scolarité des filles du premier cycle des lycées et collèges et même les arriérés restés impayés sous le régime précédent. Mais ce fut la première et la dernière fois. En tout cas, c’est le constat qui est fait et la situation que traversent les écoles, lycées et collèges publics cette année le prouve à suffisance.
Selon les informations connues de toutes et de tous, les écoles primaires, les lycées et collèges publics n’ont reçu depuis septembre 2019 que le quart (1/4) du montant total de la subvention que le gouvernement doit leur verser au titre de l’année scolaire 2019-2020. Pour être plus clair, on peut affirmer qu’il ne s’agit pas d’une subvention en réalité mais d’un appui que le gouvernement a décidé d’apporter aux écoles, lycées et collèges publics en prenant en charge les frais de scolarité des élèves filles du premier cycle qu’il ne verse jamais intégralement et en donnant un forfait de 900.000f aux écoles en fonction du nombre de classes ouvertes.
Avant le retour du confinement lié à la pandémie du Coronavirus et face aux dépenses que nécessitent les mesures de prévention, nous avions, lors de nos différentes sorties médiatiques et à travers nos différentes publications, insisté sur la nécessité pour le gouvernement de positionner le reste des subventions au profit des écoles, lycées et collèges publics avant la reprise du 11 mai 2020. Malheureusement, le gouvernement n’a pas libéré les subventions jusqu’à ce jour jeudi 04 juin 2020. Et pourtant, nos gouvernants n’ont jamais cessé de dire que l’économie béninoise se porte très bien.
Qu’est-ce qui bloque alors la mise à disposition des subventions attendues par les écoles, lycées et collèges publics du Bénin ?
Est-ce parce que l’école béninoise a effectivement cessé d’être une priorité pour nos gouvernants ?
Le gouvernement a prescrit des mesures de prévention contre le Coronavirus sans mettre à la disposition des écoles, les moyens pouvant leur permettre d’acquérir les dispositifs de lavage des mains. Les responsables des écoles, lycées et collèges se sont débrouillés pour acquérir dans la souffrance et la douleur, quelques dispositifs. Les conséquences de cette absence des subventions sont nombreuses.
Il est utile de rappeler que c’est le régime de la rupture qui a interdit les travaux dirigés payants dans les lycées et collèges publics du Bénin et a obligé les établissements à imputer les dépenses liées à ces travaux dirigés à leurs maigres budgets. Maintenant qu’il ne donne pas les subventions, je me demande où les Chefs d’établissements pourront trouver les moyens pour poursuive les travaux dirigés et renforcer les capacités des candidats qui ont désappris pendant le confinement, afin d’obtenir de bons résultats. Le gouvernement ne met pas les établissements dans les conditions pouvant leur permettre de donner de bons résultats mais éprouve du plaisir à décharger les Chefs d’établissements qui n’ont pas atteint le pourcentage qu’il a fixé pour les résultats des examens nationaux. Il pose également des actes pour décourager des Chefs d’établissements qui ont eu de bons résultats. Nous ne savons vraiment pas pourquoi il faut faire souffrir les acteurs des écoles, lycées et collèges publics.
Face à cette situation, on ne peut pas garder le silence.
-On ne peut pas garder le silence lorsqu’on sait que les agents sous contrat local dans les lycées et collèges publics sont déjà ou seront bientôt sans salaire;
-On ne peut pas se taire lorsqu’on constate que les autres acteurs de ces établissements sont également privés de certains droits;
-On ne peut s’empêcher de réagir lorsque ces établissements publics sont incapables de faire face à certaines dépenses de souveraineté et sont obligés de s’endetter.
Les épreuves écrites de l’examen blanc national viennent de prendre fin. En principe, les établissements doivent s’apprêter pour le démarrage de la correction en attendant les corrigés types. Mais aucun lycée et collège public n’est en mesure de payer les enseignants correcteurs puisqu’ils sont déjà asphyxiés financièrement.
Face à cette triste réalité, on ne peut qu’encourager et soutenir les enseignants qui se sont déjà mobilisés sur toute l’étendue du territoire national pour dire que la correction de l’examen blanc national ne peut démarrer dans aucun établissement public du pays sans la mise en place des subventions. C’est aussi une manière d’aider les établissements à éviter de contracter indéfiniment des dettes sans être sûr du moment où ils auront finalement les subventions. Qu’aucun Chef d’établissement ne cherche donc à forcer les choses pour plaire à quelque autorité que ce soit. La vérité n’a pas un autre nom. Aucun forcing ne pourra prospérer. Pas de correction d’examen blanc sans la mise en place des subventions.
Nous sommes vraiment déçus de cette attitude du gouvernement de la rupture qui consiste à priver les écoles, lycées et collèges publics d’un pourcentage important de leur budget pendant plusieurs mois. Ce qui est également déplorable est que le gouvernement de la rupture accuse non seulement un retard inacceptable dans la mise à disposition des subventions mais s’arrange aussi pour ne pas verser la totalité du montant attendu. En agissant ainsi, il s’inscrit dans la même dynamique que le régime précédent. En la matière, la rupture d’avec l’ancienne habitude n’est donc pas encore une réalité. C’est vraiment regrettable.
Alexandre ADJINAN
SG SYNACEES/GTP ATLANTIQUE
Président de la Commission Nationale des Jeunes de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-BENIN) »