Le contexte du Covid-19 a amené le Bénin à mettre en place un cordon de sécurité qui rentre en vigueur, ce lundi 30 Mars 2020 à partir de 00 heure. Une mesure qui sera sans nul doute suivi de conséquences dans le quotidien des populations. C’est pour répondre aux questions liées à ce nouveau mode de vie que l’Association des Psychologues Praticiens du Bénin (APPB) a été invitée dans l’émission matinale « Actu Matin » de Canal3, ce lundi 30 Mars 2020. Au nom de l’association, c’est son président, le Dr Jean Tata TOSSOU qui a apporté des éléments de réponses et d’éclairage aux questions des journalistes.
A la question de savoir ce qui va changer dans la vie des populations dans les deux semaines de circonscription de certaines communes par le cordon sécuritaire, le Président de l’APPB, Dr TOSSOU répond : « la situation est inhabituelle et singulière. Elle va créer des problèmes sur les plans économique, physique, psychologique au niveau des populations puisque ce n’était pas une tradition dans leur mode de vie ».
Tout en saluant cette approche du gouvernement qui préfère aller étape à étape selon la gravité de la situation en optant pour un cordon sécuritaire, l’Association pense que c’est une démarche qui invite à observer une discipline pour la suivie commune des populations. Loin d’une réponse politique, l’invité estime que les effets psychologiques seraient beaucoup plus néfastes si on était passé du mode de vie habituelle à un confinement total. « Cela permet de mettre en tête aux populations qu’on peut aller au confinement total, ce qu’on ne souhaite pas, d’ailleurs. Mais cela ne veut pas dire que le stress et la déprime ne seront pas au rendez-vous. Ils seront au rendez-vous si le confinement avait été toute suite et en même temps décrété » précise-t-il.
Effets psychologiques de certains comportements culturels
L’une des mesures étant le changement de certains comportements notamment de salutations, compte tenu des valeurs socio-culturelles, Dr Jean Tata TOSSOU a été invité à relever les effets psychologiques. Pour lui, cela ne constitue aucun danger pour les populations qui devront s’y adapter au regard de l’urgence et de la gravité de la crise. « Je ne sais pas si c’est notre culture qui nous permet de nous serrer les mains. Mais j’ai l’impression que cela fait partie de nos valeurs qui nous permettent de montrer à notre voisin que nous sommes très proche de lui, et que nous sommes ensemble. Maintenant, la situation actuelle nous amène à observer une certaine auto discipline. Sur la liste, il y a le fait de ne plus être en contact physique avec les autres, d’être beaucoup plus prudent dans la manière de prendre les autres » a-t-il répondu. « Qu’est ce que je paie à observer ces mesures simple qui n’ont rien d’acculturelle ? » se demande-t-il. « Quand Covid-19 serait parti, on va retrouver nos habitudes », rassure-t-il.
Parmi les mesures de prévention, il y a celle de la mise en quarantaine de certains citoyens. Comment vivre cela ? A la question, l’invité confie que la mesure est bien difficile pour les concernés. Pour lui, « il n’est pas facile d’accepter qu’un parent soit gardé du retour d’un voyage sur l’extérieur, sans que ses proches ne le voient. Cela a bien un risque sur la santé mentale, car le stress et l’anxiété s’invitent dans le quotidien de ce dernier ». En dépit de cette contrainte imprévue, Dr Jean Tata TOSSOU estime que l’homme s’adapte à toute situation et reste convaincu que le Bénin va s’en sortir.
Il a fini par partager le niveau d’implication de l’APPB dans la lutte auprès des populations. A l’en croire, l’association qu’il préside, ne cesse de recevoir des coups de fils d’accompagnement. Ce qui conduit ses membres qui ne se sont que des spécialistes et praticiens à sensibiliser au quotidien les populations sur les conduites à tenir dans une telle crise mentale.
Il est revenu sur les objectifs saillants de l’association liés au contexte du Covid-19. Il s’agit bien de l’assistance aux populations et organisations en difficulté et la prévention des difficultés.
Pierre DOSSOU