Après les élections, place aux petits intérêts et détails politiques. Le bureau de l’Assemblée nationale sera le premier acte autour duquel les regards des Représentants tourneront. Puisque la compétition n’a eu lieu qu’entre deux listes sœurs, il sera aisé de jouer sur les pronostics. Qui sera le patron de la 8ème législature après Adrien Houngbédji, contraint à la sortie ? Deux figures sortent la tête de l’eau dans une petite liste de quatre potentiels, considérant le principe de l’équilibre régional ajouté au charisme de chacun d’eux. Il faut croire que pour question de « sécurité », le Chef a précipité la retraite des vrais potentiels, Amoussou, Nago et Idji.
La Cour constitutionnelle a été assez claire. 47 députés pour les Progressistes contre 36 pour les Républicains. Engagées dans une aventure sans réels concurrents, les deux listes fidèles au Chef de l’Etat, Patrice Talon, se sont partagé les 83 sièges disponibles à l’Assemblée nationale pour le compte de la 8ème législature. A l’arrivée, l’Union Progressiste l’emporte et pourrait être le parti qui remporte l’élection du bureau et surtout celle du Président de l’Assemblée nationale. Mais, en politique l’histoire a plus d’une fois prouvé que certains calculs ne sont aussi aisés à solutionner.
Le nombre de sièges est un facteur déterminant, mais il faut tenir compte de certains aspects non moins négligeables, tels que le choix de certains députés de voter par amitié, par intérêts politiques, selon l’obédience régionale et surtout le choix du Chef de choisir (ndlr d’imposer) son N°2 ; celui qui lui sera fidèle. Dans les premiers cas, il faudra questionner les capacités intellectuelles, les relations personnelles avec certains députés de l’autre camp, de ces deux potentiels candidats. Quoi que ce soit, il sera difficile de prédire le vainqueur d’un coup de bâton magique, vu que les deux personnages viennent du nord Bénin, et sont tous ministres dans ce même régime Talon.
Alors, c’est plutôt le dernier cas qui sera le plus certain. Tout porte à croire que c’est le Chef de l’Etat, patron des deux listes qui désignera celui des deux qui lui sera beaucoup plus utile. Dans ce cas alors, on pourrait avoir une idée de celui qui succèdera à Adrien Houngbédji à l’issue des élections au Parlement.
Pour avoir été acteur actif pendant tout le processus électoral, très fidèle, membre du parti victorieux (plus aimé du Chef), et surtout loin des ambitions présidentielles, Sacca Lafia pourrait être le choix du N°1 du gouvernement au détriment d’un Bio Tchané, très rigoureux, capable de dire « Non » ou « Stop » au Chef si les choses quittaient véritablement le droit chemin, encore que ce dernier garde toutes ses chances, viser les prochaines présidentielles. Ce que le Chef ne va pas aimer (ndlr les challengers pour 2021 se font de plus en plus rares).
Même l’envie de Abraham Zinzindohoué de s’asseoir dans ce fauteuil ne fera pas long feu. La commission des lois correspond beaucoup plus à ses qualités et compétences intellectuelles. Alors, ses agitations ne visent pas loin. L’autre plus jeune, intellectuel averti, Arifari Bako, pourrait aussi faire l’affaire. Connaissant son tempérament et sachant qu’il répond au critère de l’équilibre régional, il pourra considérer sa jeunesse comme atout. Mais, n’est-il pas parfois très intelligent et ne réfléchit-il pas trop ?
C’est possible que les calculs du Chef changent, mais pour l’heure, ce sont les schémas possibles. Quelqu’un a dit que les choix du Chef peuvent parfois laisser sans mot, surtout s’il s’agit de sujets aussi sensibles que la « désignation » de son N°2.