Dans le cadre du processus de mise en place d’une Unité d’actions syndicale qu’elles ont entamé en 2019 avec l’accompagnement du BIT, six confédérations et centrales au Bénin ont tenu ce vendredi 3 juillet 2020 à la Bourse du travail, leur Assemblée générale d’adoption du cahier de charge du Cadre de collaboration confédérale syndicale et d’installation officielle des membres dudit cadre et ceux des comités techniques.
La Csa-Bénin, Cgtb, Cosi-Bénin, Unstb, Csub et la Cspib concrétisent leur volonté d’agir ensemble et autrement pour sortir le syndicalisme d’une situation qui, peignent-elles, « n’honore pas le pays ». La première assemblée générale tenue ce vendredi à Cotonou est le deuxième acte du processus. Pour mieux expliquer le sens de la cérémonie, le Sg/Csa-Bénin, président du comité d’organisation de l’Ag, évoque quelques maux dont souffrent les organisations syndicales au Bénin. Entre autres, la baisse de l’engagement des travailleurs, l’érosion du pouvoir de représentation syndicale, l’émiettement injustifiée des organisations syndicales, l’errance dans la gouvernance interne, une autonomie financière problématique et un leadership non inclusif car très peu représentatif des femmes, des jeunes, des travailleurs de l’informel et des travailleurs handicapés, mentionne Anselme Amoussou. Il expose également que le paysage syndical béninois subit depuis quelques années des mutations avec des questionnements récurrents à l’intérieur des organisations syndicales et au sein de l’opinion publique sur l’efficacité de l’action syndicale, la pertinence des choix de stratégies et la nécessité de réformer les moyens de lutte, de s’adapter pour ne pas sombrer totalement.
A l’en croire, la mise en place de cette Unité d’actions syndicale est la marque d’une prise de conscience du mal de la part de ces six organisations syndicales qui ont compris que le premier pas à poser devrait être la constitution d’une véritable unité d’actions puis la sortie de l’informel et de l’improvisation. « Ces six organisations syndicales ont compris que la plupart des maux énumérés plus haut ne sont que la conséquence de notre choix d’entretenir la division et la désunion non seulement au niveau des faitières que nous sommes mais aussi et surtout au niveau de nos structures », rapporte le Sg/Csa-Bénin.
La nouvelle bible de l’action syndicale
Il fait savoir que cette Unité d’actions syndicale est construite autour « des valeurs de solidarité, d’éthique, de respect, de complémentarité, de bonne gouvernance et de professionnalisme ». Elle est fondée sur des engagements responsables consignés dans un texte appelé « Charte d’unité d’actions syndicale » adoptée et signée par ces six organisations syndicales en 2019.
Le Directeur adjoint de cabinet du Ministre du travail et de la fonction publique, Eusèbe Agoua, avoue que « cette charte est un document de grande portée syndicale et ne manquera pas de rassurer les militants et d’assainir le paysage syndical du Bénin ». Il se dit déjà convaincu de ce que sa mise en œuvre va améliorer de manière significative leur représentation dans les instances administratives et renforcer la qualité de leurs prestations au sein de la commination nationale permanente de négociation collective. « Cette charte est un instrument de cohésion ; et de ce point de vue projette un nouveau leadership syndical », affirme le DAC. Elle est l’expression de leur volonté de renforcer et de consolider le mouvement syndical pour qu’il puisse jouer pleinement ses fonctions, dira le représentant Afrique de la CNV International, Uzziel Twagilimana. C’est un moment historique, selon lui. Heureux aussi de l’initiative, le représentant du Conseil national du patronat, Bernard Hounnouvi leur conseille la foi authentique, la communication fraternelle et la bonne gouvernance.
Sèmayi Kodjo