Le plasticien béninois Dominique Zinkpè n’approuve pas le culte de la hiérarchie dans le domaine des arts notamment plastiques, tueur de la création artistique au Bénin. Il en a parlé entre autres, lors de la rencontre « Artiste en présence » au complexe culturel Le Centre mercredi 30 septembre 2020 à Atrokpocodji. L’artiste a donné des conseils sous forme d’incitation surtout à l’endroit des jeunes à ce propos pour une révolution dans cette discipline dans son pays.
« On ne travaille pas assez à Cotonou. On a une écriture, on fait quelques voyages, on est content. Et on pense que c’est terminé. Non. Ailleurs, les gens qui ont 82 ans continuent de dessiner. Ici au Bénin, on continue de faire la hiérarchie de l’art. c’est zéro. ». Dominique Zinkpè est attristé par ce constat qu’il relève dans le milieu artistique chez lui. A cœur ouvert avec le public mercredi dernier au complexe culturel Le Centre, l’artiste autodidacte soutient que l’art est une course perpétuelle. Une course sans laquelle l’artiste ne peut pas évoluer de même que les arts ne peuvent pas continuer à grandir dans son pays, à l’en croire. « Quand on est assis parce qu’on a une écriture et qu’on ne veut pas que d’autres touchent, on ne peut pas se développer », affirme-t-il. Cette option n’est pas preuve de talent mais plutôt de paresse et de peur d’être copié. Contre, c’est pourquoi Zinkpè a toujours ouvert son atelier à tous. « Si un jeune me copie, je vais essayer de le dépasser encore. C’est ça qui va amener notre art à un niveau supérieur ? En plus, c’est un honneur d’être copié. C’est une course perpétuelle … Sinon on ne va pas évoluer », avoue-t-il.
A la guerre autour de la création
Dominique Zinkpè encourage les jeunes surtout à bousculer toute hiérarchie entretenue sous fond de paresse dans les arts. « Ceux qui m’entendent et qui sont jeunes, tuez les maîtres ! Tous. Dépassez-les tous ! Là, on va travailler un peu plus parce qu’on ne travaille pas assez à Cotonou. », a lancé ce maître à qui beaucoup de jeunes plasticiens béninois doivent aussi leur parcours. « L’art, c’est la guerre. La guerre dont je parle n’a pas de pitié », a-t-il ajouté. A l’en croire, il « s’énerve » parfois lorsque certains jeunes ont des idées et se demandent encore s’ils doivent passer à l’action. « Tu as une idée, fais-le. Si tu es plus fort, sois plus fort. Tu attends quoi ? » conseille Zinkpè.