La communauté universitaire béninoise est en deuil. L’historien Abiola Félix Iroko est passé de vie à trépas, le vendredi 13 Novembre dernier. La nouvelle, telle une traînée de poudre, s’est répandue en fin de matinée. Agé de 74 ans, le Professeur Abiola Félix Iroko, a répondu à l’appel divine, des suites d’un accident de circulation, selon les premières informations.
A date de sa mort, l’enseignant chercheur béninois reste membre correspondant honoraire de l’Académie royale des sciences d’outre-mer, Classe des sciences humaines. Il est également le Président du Conseil Scientifique de l’université (HECM), Haute École de Commerce et de Management (HECM) du Bénin.
Son savoir et son savoir-faire ont entraîné sa sollicitation un peu partout en Afrique, dans des pays comme le Burkina Faso, le Congo-Brazzaville, le Gabon, entre autres, où il a également formé plusieurs générations d’étudiants. Passé professeur titulaire au CAMES en 1993, Abiola Félix Iroko est admis, depuis 2014, à faire valoir ses droits à la retraite.
Docteur ès lettres de l’université de Paris I, Félix A. Iroko compte de nombreuses publications sur l’histoire et l’ethnohistoire de son pays, avec une prédilection pour l’histoire économique et sociale. Auteur donc de plusieurs ouvrages sur les civilisations africaines et l’esclavage en Afrique.
Professeur au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey-Calavi (Bénin), il est, notamment, auteur de « La côte des esclaves et la traite atlantique : les faits et le jugement de l’histoire », parue en 2003 aux éditions « Nouvelle presse publications ».
Mais l’Histoire des mentalités est l’un des domaines dans lesquels le chercheur a beaucoup investigué, avec des publications comme L’homme et les termitières en Afrique, Une histoire des hommes et des moustiques en Afrique, des sujets de recherche variés comme L’homme et la défécation dans l’histoire béninoise, L’histoire de la malédiction au Bénin, bref, des thèmes d’une rare originalité que le chercheur a décortiqués avec doigté.
Par son ouvrage, « La côte des esclaves et la traite atlantique : les faits et le jugement de l’histoire », l’éminent historien met les pieds dans le plat, à propos de l’esclavage dans le Golfe de Guinée et de la responsabilité des rois de l’ancien royaume du Danhomé. Il balaie du revers de la main “la rhétorique des tenants de la thèse des réparations” en matières sonnantes et trébuchantes. “Les Africains ont débattu pendant près d’un demi-millénaire avec les négriers, du prix des leurs qu’ils leur vendaient. Ils veulent encore continuer aujourd’hui à débattre, avec les descendants de ceux-là, de la valeur marchande des Noirs que leurs ancêtres ont vendus au détriment du développement de leurs régions” a écrit l’historien (pp. 148-149).
Œuvres
? Abiola Félix Iroko, L’homme et les termitières en Afrique, Éditions Karthala, 19964
? Abiola Félix Iroko, Les cauris en Afrique Occidentale du dixième au vingtième siècle, ANRT, 1988, 980 pages5
? Abiola Félix Iroko, Josette Rivallain, Marie-Claude Eyraud, Laboratoire d’ethnologie (Paris), Calebasses béninoises : collections du Musée de l’homme, Laboratoire d’éthnologie, Musée national d’histoire naturelle, Sépia, 19986
? Abiola Félix Iroko, Ogunsola John Igue, Les villes yoruba du Dahomey : l’exemple de Ketu, 19757
? Abiola Félix Iroko, La côte des esclaves et la traite atlantique : les faits et le jugement de l’histoire, Nouvelle presse publications, 20038