L’Etat des lieux réalisé par le ministère de la culture dans le Plan de travail annuel (Pta) 2019 position la direction du Fac en tête des directions techniques ayant consommé les crédits affectés avec un taux de 87,20%. Pourrions-nous avoir plus de détail sur ce fait de réussite ?
Il n’y a pas de miracle. C’est juste que mes collaborateurs ont pris le travail à bras le corps. Je suis venu prendre la maison –le Fac, ndlr- dans un état donné. Nous avons signé un pacte social avec mes collaborateurs. Chacun en ce qui le concerne a mis la main à la pâte. C’est ce qui donne ce résultat. Nous sommes encore prêts à rééditer ça pour 2020. Vous savez que toutes les directions ont l’obligation de mobiliser des ressources pour la mise en œuvre des activités inscrites au Pta. C’est juste ce que nous avons fait. Nous avons respecté le timing et fait le lobbing nécessaire. Toutes les structures du Fac ont fonctionné comme cela se doit. C’est ça qui explique le résultat que nous avons atteint. Pour ça, il a fallu que le directeur ait une capacité managériale souhaitée pour atteindre les objectifs. Donc il n’y a pas de miracle.
Si vous avez pu mobiliser la totalité des ressources, pourquoi nous avons 87% au lieu de 100% ?
Lorsque le Pta devrait être examiné, nous étions en ce moment à ce taux. Deux à trois jours après, on serait à un autre taux. C’est un processus continu. Ce n’est pas fixe. Donc c’était le taux à ce moment.
Pour 2020, quel sont les objectifs ?
Nous nous sommes déjà retrouvés. On a fait la planification pour l’année 2020. Ce que nous avons priorisé, c’est d’abord de projeter les activités retenues dans l’année. Au nombre de ces activités, nous avons fixé les grandes lignes. Cela relève de la compétence des membres du Conseil d’administration. Nous nous sommes fixés qu’à la fin de 2020, nous ayons déjà des acteurs culturels positionnés comme de vrais acteurs de développement, plus comme on les considérait avant (un citoyen absteint à la mendicité). C’est pour cela qu’il sera question désormais de professionnaliser le milieu. Et c’est tout un ensemble.
Malgré vos performances, des marques d’insatisfaction émanent d’acteurs culturels. Ils se plaignent de ne pas avoir accès à ce fonds. D’autres fustigent une discrimination positive favorable aux femmes et fustigent du copinage dans l’attribution des financements.
La perfection n’est pas de ce monde. Nous avons fait un an, 2019, nous avons eu des résultats. Mais cela ne veut pas dire que tout est parfait. Nous allons tenir compte des imperfections et nous corriger. Mais je persiste et signe que ce qui est fait n’est pas négligeable. Et puis il faut rappeler aux acteurs culturels que le Fac est dans une réforme. En tant que telle, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Vous ne pouvez pas être en train de mettre en œuvre des réformes et estimer que 100% des gens accepte. C’est petit à petit que tout le monde va rentrer dans la barque. La réforme aujourd’hui est en train de repositionner l’artiste, un nouveau type d’artiste. Ceux qui ne sont pas dans ce schéma doivent se plaindre naturellement. Dire que tout le monde n’a pas accès au financement, c’est normal. Il y a un travail de sensibilisation à faire. C’est pour cela qu’au début 2019, nous avons fait le tour du Bénin pour expliquer la nouvelle vision aux acteurs culturels. Il était question pour nous de s’approcher d’eux. Nous n’allons pas nous fatiguer d’expliquer le bien-fondé de ces réformes. Vous comprenez avec moi que ceux-là qui se sont retrouvés dans le secteur par accident doivent se plaindre. On ne peut pas continuer à présenter une image de la culture comme un fout-tout où il faut héberger tous ceux qui ont échoué ailleurs. Non. Ceux qui se sont autoproclamés doivent avoir mal dans la nouvelle vision. Par rapport à la discrimination positive, c’est un abus de langage. Pour 2019, nous avons accompagné plus de 400 acteurs culturels. A peine 20% sont des femmes. C’est des chiffres qui existent, vérifiables.
Avec les réformes actuelles, certains critiquent que tout revient au Directeur général. Comment fonctionne aujourd’hui le processus de sélection des porteurs de projet ?
Le Fac est une structure de l’Etat mais nous -la direction- avons opté de fonctionner comme si on était dans le privé ; ça permet selon nous d’avoir des résultats. Lorsqu’on parle de réforme, il faut pouvoir expliquer le contenu. La première réforme qui saute aux yeux c’est le changement de nom. On a quitté le fonds d’aide pour le fonds des arts et de la culture. Lorsqu’on parlait du fonds d’aide, des sous sont engloutis mais il n’y a pas d’impacts parce que l’artiste estime que c’est son droit d’être assisté même s’il ne fait rien. On encourage la paresse, la vie de mendicité. Il est question donc pour le Fac de restaurer le vrai visage de celui qu’on appelle acteur culturel. Certains ont tôt fait d’estimer que c’est parce que l’Etat ne veut plus accompagner les artistes. Je dis c’est faux parce que tous les produits que le fonds d’aide d’alors offrait demeurent. Mais les réformes à ce niveau est qu’il y a deux autres produits qui y sont ajoutés, le fonds de bonification et la détection de talents qui vont amener à professionnaliser le secteur, repositionner l’artiste comme acteur de développement, créateur de richesse. La réforme est telle qu’aujourd’hui l’état s’engage en plus, à faire la promotion après la création. A partir de 2020, il y aura le label Fac. Tout ce qui portera la marque Fac sera un produit compétitif à l’échelle internationale. Lorsque vous avez le talent nous allons vous aider à cultiver votre talent, à vous mettre à l’échelle.
Revenant à la structure même, l’AOF est venu situer chaque structure. Le Conseil d’administration est réduit à ses prérogatives normales, donne les grandes orientations à la direction générale et surveille si les directives sont suivies. C’est la direction qui est à l’opérationnel. C’est pour cela que certains estiment que le directeur général est tout puissant. Pour limiter les soupçons, la direction commet des sachant dans chaque domaine pour apporter leurs avis techniques sur les dossiers. La différence ici, c’est qu’ils ne sont pas connus d’avance. C’est normal qu’ils ne soient pas connus d’avance. Désormais tous les artistes ont les mêmes chances et ceux qui doivent étudier les dossiers n’ont pas de parti pris. Nous avons commencé par mettre en œuvre un canevas type de subvention et de l’autre côté un canevas type de rapportage.
On a lu dans le numéro 4515 du quotidien « Le progrès », daté du vendredi 24 janvier 2020, un article « Fonds des Arts et de la Culture : des soupçons persistants de rétro-commissions ». Que pourriez-vous répondre ?
Je n’ai pas l’habitude de répondre aux journalistes qui écrivent pour vilipender ou attaquer le Fac. J’ai reçu ces journalistes-là. J’ai été surpris. Ceux qui sont béninois, ceux qui sont au Bénin, doivent reconnaître que quelque chose a changé depuis 2016 au niveau du Fonds des arts et de la culture. Lorsqu’on parle de soupçons persistants, ça veut dire que cela existait. Ce serait bien que lorsqu’on fait des déclarations comme ça qu’on essaye de cadrer ça dans le temps. Chacun est face à sa conscience. Moi, je n’ai pas encore enregistré au Fac un cas de soupçon ou de rétro commission comme ils le disent mais au cas où ces journalistes auraient des preuves à l’appui, ils pourraient se rapprocher du directeur ou des structures compétentes. Le titre ne correspond pas au contenu. Et mieux, lorsque vous prenez ce qui est décrié, je dis ici, c’est un défi : dans les archives du Fonds des Arts et de la culture, depuis 2016 jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais accompagné, à hauteur de 700.000, un acteur culturel sur la promotion du patrimoine culturel ; ce n’est pas dans nos archives ! C’est sorti d’où ? Et le journaliste a été clair pour dire que c’est un acteur majeur. Je ne sais pas ce qu’on appelle acteur majeur. Au Fac, nous n’avons pas d’acteur majeur. Donc ce n’est pas avec le Fac qu’il y a des soupçons. C’est ce que nous voulons combattre en disant que nous allons mettre à la disposition des artistes, des acteurs culturels et des promoteurs un canevas-type de demande de subvention. Lorsque vous allez vous adresser à quelqu’un qui vous a aidé à rédiger votre dossier et que vous lui avez promis de l’argent, normalement, quand vous prenez votre argent, vous allez le rembourser. Est-ce que c’est le Fac ? Le Fac n’y est pas impliquée. De toute façon, je prends le côté positif de tout ce qui est écrit contre le Fac. Ce qui est dit n’est pas vrai mais cela permet de nous organiser pour que cela n’arrive jamais.
Transcrit par Le Chasseur Infos