Dans un contexte de pandémie liée à la Covid-19, qu’est-ce que le Programme des cantines scolaires est devenu au Bénin depuis la reprise des cours le 11 mai 2020 ? Quelles sont les modifications intervenues ? A quoi peut-on s’attendre dès le 10 août où ce sera le grand nombre notamment dans les écoles primaires ? Guy Adoua, représentant résident du Programme alimentaire mondial (PAM) au Bénin, l’organe qui gère les cantines scolaires dans ce pays, nous apporte des réponses. Au-delà des écoliers, il nous parle aussi des démarches vers une intervention spécifique au profit des couches les plus vulnérables à la crise sanitaire. C’est dans une interview, jeudi 18 juin dernier, au retour de la cérémonie de remise officielle de l’appui des agences du Système des Nations-Unies au gouvernement béninois dans le secteur de l’éducation face à la présente pandémie.
Le Chasseur: En pleine pandémie du coronavirus, comment le PAM poursuit-il la mise en œuvre des activités de cantine scolaire au Bénin ?
Guy Adoua: Le Programme alimentaire mondial au Benin accompagne le gouvernement dans la mise en œuvre du programme national d’alimentation scolaire. Ce programme qui a un caractère social fait partie des priorités du gouvernement. L’objectif est que les enfants aient un repas chaud à l’école chaque jour de classe. Le gouvernement, au début, avait essayé de prolonger la période des vacances scolaires pour essayer de gérer la situation liée à la pandémie « coronavirus ». Après, il a été décidé de la réouverture des classes dans un premier temps pour les élèves du CM2. Si nous restons dans notre objectif de faire manger les enfants chaque jour de classe, le PAM n’avait que le devoir d’accompagner ce programme du gouvernement et accompagner aussi la réouverture avec donc la reprise des repas qui sont fournis aux enfants à l’école. Voilà pourquoi nous aussi, dès le 11 mai quand les cours ont repris, nous nous sommes organisés pour que les enfants reprennent à manger à l’école. Les dispositions ont été prises pour prendre en compte les nouveaux éléments et les nouvelles exigences que nous impose le coronavirus et pour pouvoir accompagner les enfants à clôturer l’année scolaire.
Quelles sont les nouvelles dispositions ?
Déjà, dans les conditions normales, qui dit alimentation scolaire dit aussi hygiène autour de l’école. Donc nous avions déjà des dispositifs pour s’assurer qu’avant et après les repas les enfants lavent leurs mains. Mais ce que nous exige le coronavirus, c’est vraiment d’autres dispositions. En plus du fait que nous devons nous assurer que les enfants se lavent les mains, il y a aussi toute l’hygiène tout autour des enfants, les femmes qui font la cuisine, les enseignants, la disponibilité en eau, surtout les détergents, les savons, … Ce que nous avons pris comme disposition, c’est de nous assurer d’abord que même s’il y avait ce dispositif de lavage des mains, qu’il soit renforcé et que cela soit quelque chose de rigoureux à tous les niveaux ; que nous renforçons encore les sensibilisations ; que nous ayons des affiches au niveau des écoles pour insister sur le fait qu’à l’école les enfants doivent observer les mesures à savoir distanciation sociale d’un mètre au moins, port du masque mais aussi et surtout le lavage des mains avant et après les repas. Ce que nous avons voulu renforcer ici, c’est que cela ne se passe pas seulement à l’école mais jusqu’à la maison de sorte que les enfants soient comme ceux qui apportent aussi le message. Ils ont l’avantage de le faire depuis que les cantines scolaires existent. Maintenant, il faut qu’ils aillent au-delà de l’école et qu’ils fassent passer le message aussi à la maison. S’ils respectent seulement les mesures à l’école et ne le font pas à la maison, cela ne veut rien dire parce qu’ils peuvent ne pas être contaminés à l’école mais l’être à la maison ou dans le quartier. Donc, il s’agit d’intensifier ce message, partir des cantines scolaires comme une plateforme pour pouvoir vulgariser ce message au-delà de l’école, les familles et la société.
Nous étions à Sèmè-Podji avec vous. Le Système des Nations-Unies a apporté son soutien au gouvernement dans le domaine de l’éducation à travers la remise des cartons de savon, des gels hydro alcooliques, des dispositifs de lavage de mains. Quel a été l’apport particulier du PAM ?
Effectivement, ce matin -18 juin 2020, ndlr-, avec les autres chefs d’agence du Système des Nations-Unies, nous avons choisi une école qui abrite les cantines scolaires pour apporter la contribution des Nations-Unies à la réponse dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Ce faisant, le PAM, dans sa mission de mettre en œuvre le programme des cantines scolaires, s’est fait le devoir de s’assurer que, dans le lot qui est apporté, il y ait du savon, il y ait aussi tous les dispositifs pour pouvoir renforcer l’hygiène et la sensibilisation autour des cantines scolaires. De façon particulière, le PAM s’est assuré que sur l’ensemble des écoles où il y a des cantines scolaires, qu’au niveau des cuisines et des gestionnaires de cantine, qu’ils disposent du savon, de tout ce qui est gel et de tout ce qui est dispositif pour s’assurer que les enfants ont de quoi observer toutes les mesures. Donc l’apport du PAM dans tout ce qui a été fait ce matin -18 juin 2020, ndlr-, c’est aussi ces savons parce que dans les moments actuels de crise, il ne faut pas attendre seulement que les parents apportent. S’ils ont apporté, c’est bien mais déjà nous, nous assurons que nous avons déjà apporté parce que avec ce fléau, il n’est pas question d’attendre. Il est question d’agir à temps. Ce que les parents vont apporter est juste pour rendre les dispositifs durables ; nous devons faire le premier pas. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier tous mes collèges chef d’agence des Nations-Unies pour le reste des appuis qu’ils ont apporté. Ils ont apporté suffisamment de choses. Des citernes pour stocker l’eau dans les écoles ; des dispositifs assez améliorés de lavage des mains ; des détergents ; … Je pourrais dire que les écoles bénéficiaires de cantine scolaire ont reçu du matériel suffisant pour pouvoir gérer les cantines et garantir aussi l’hygiène autour des repas qui sont fournis aux enfants dans le cadre du programme des cantines scolaires.
Le 10 août prochain, les autres écoliers des classes intermédiaires vont reprendre le chemin des classes. Que comptez-vous faire pour eux ?
Le programme des cantines scolaires, c’est toute une organisation. On doit être prêt à nous adapter aux programmes scolaires et à toutes les circonstances scolaires qui pourraient se poser tout au long de l’année scolaire. Quand je dis « prêt », c’est-à-dire anticiper les choses. Nous avons reçu du gouvernement le plan de cours des classes jusqu’à la fin de l’année. Il y a un groupe qui va terminer d’ici mi-juillet avec le CEP. Il y a un autre groupe qui va commencer le 10 août jusqu’au 11 septembre. Nous nous sommes déjà préparés de façon à ce que pendant toutes ces périodes-là les enfants mangent à l’école. Nous avons des stocks adaptés à ces programmes-là. Une fois que ceux qui sont au CM2 vont finir, quand les autres vont revenir, ils auront aussi leur repas. Ils auront les stocks de vivre qui seront mis à leur disposition mais aussi les campagnes vont se poursuivre pour que pendant cette période ils continuent à bénéficier de toutes les mesures d’hygiène, de tout le matériel qu’il faut pour garantir l’hygiène et la sécurité sanitaire des aliments. Donc les dispositions sont prises ; les enfants auront tout ce qu’il faut pour pouvoir manger le temps qu’ils sont à l’école.
En dehors des écoles, y-a-t-il d’autres actions que le PAM prévoit pour venir en aide aux populations vulnérables dont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceinte ou allaitantes en cette période de crise sanitaire ?
Quand nous avons des situations de crise, le premier réflexe, c’est de voir juste à quel niveau cette crise peut avoir un impact sur les conditions de vie des populations. Nous regardons généralement les groupes les plus vulnérables tel que vous avez cité. Pour cela, souvent, il est conduit des études socio-économiques pour évaluer l’impact au niveau de ces communautés. Pour le moment, il y a des études qui sont en cours pour essayer de ressortir les problèmes. Est-ce que la crise par exemple au Bénin a touché telle couche vénérable, à quel niveau et quel type d’intervention adapté pour faire face à ces problèmes ? Tout cela nécessite une étude de départ sur le terrain. Nous sommes à cette phase. Une fois que nous aurons les résultats, nous allons décider, avec le gouvernement, s’il faut intervenir et de quelle manière ? Nous n’avons pas oublié ces catégories de population mais nous voulons bien savoir quel est le problème réel à leur niveau et quel type d’intervention est adapté.
Réalisé par Blaise Ahouansè