Fortuné Sossa, journaliste béninois, a été le Directeur de la rédaction du journal du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) qui s’est déroulé du 7 au 14 mars 2020. Président de Journalistes culturels d’Afrique en réseau (Jocar), il livre ici ses impressions sur le travail et ses attentes de cette collaboration dont il est fier. Interview.
Le Chasseur.info: Vous venez de diriger l’équipe de la rédaction du journal du Masa, un canal de visibilité pour les artistes et leurs créations. Une grande responsabilité ?
Fortuné Sossa: C’est une grande responsabilité, en effet. Les journalistes qui ont fait partie de l’équipe de la rédaction sont venus de divers pays africains. Chacun avec sa nature, sa culture, ses humeurs, son talent aussi. Il fallait conjuguer toutes ces énergies pour réussir le challenge. Ce qui nous a réunis, c’est produire le quotidien du Masa. Au départ, je ne savais pas que nous avions à faire un journal en bonne et due forme parce qu’il m’a été dit que nous avions à pourvoir le site internet du Masa en productions de presse. Du coup, j’ai organisé l’équipe de sorte que chacun envoie ses articles à un comité de relecture que nous avions créé en notre sein. Cette étape passée, il me revenait de transmettre ‘’les bons à publier’’ au webmaster du site pour la mise en ligne. Mais, quelques jours après le démarrage, il m’a été signifié qu’il fallait faire un journal tabloïd de huit pages à diffuser en format PDF sur le site. A partir de cet instant, nous avons tenu une conférence de presse pour réorganiser le travail. J’ai d’abord eu une séance de travail avec les infographes pour que nous définissions ensemble la maquette, la charte graphique et bien d’autres choses pour l’esthétique du produit. Malgré cela, nous avons eu une difficulté majeure. Il n’y avait pas de matériel informatique capable d’aider à faire le montage du journal. La connexion internet aussi a été un véritable casse-tête pour nous. Du coup, les infographes étaient obligés d’aller ailleurs pour faire le montage alors que tout devrait se faire sur place afin de parer des erreurs de montage qui se glissent quelquefois dans la réalisation.
Si vous aviez sorti un journal par jour depuis le début du Masa, auriez-vous pu contenter tous les artistes ou groupes qui désiraient quand même avoir un article dans ce journal-vitrine ?
Ce n’est pas possible. Le Masa est une grosse machine. C’est près de 2000 artistes et autres acteurs culturels présents. En termes de groupe, il en a eu des centaines. Dans un journal de huit pages, même si nous devions sortir un numéro chaque jour, nous n’aurions pas pu satisfaire tout le monde. Nous avons essayé d’élargir le champ, de faire en sorte que presque tous les domaines artistiques ait, ne serait-ce qu’une phrase quelque part dans un article. Mais au-delà, il y a eu 400 journalistes présents au Masa. Si nous pouvions faire le point de toutes les productions de ce nombre impressionnant de journalistes, nous découvririons qu’à 90% au moins les diverses activités ont bénéficié d’échos médiatiques. Il est évident que presque tous les artistes et groupes aient eu au moins un clin d’œil quelque part dans la presse en Afrique ou ailleurs dans le monde. C’est sûr. Mais, si nous devons nous en tenir aux huit pages quotidiennes du journal du Masa, ce n’est pas possible d’aborder tous les spectacles.
Dans ce nombre important de journalistes, vous avez pu gagner la confiance des organisateurs du Masa pour diriger le journal. Comment y êtes-vous arrivé ?
Je préside actuellement le réseau des journalistes culturels du continent. A un moment donné, je suis entré en discussion avec le commissaire général du Masa, le professeur Yacouba Konaté. Je lui ai ensuite adressé un document pour formaliser nos échanges. D’autres échanges ont suivi. Il était arrêté que des membres de Jocar seraient invités au Masa pour accompagner l’édition du journal, encadrer professionnellement certains jeunes qui vont être mis à contribution pour ce journal. C’est sur cette base que nous y sommes allés. Finalement, il m’a été confié carrément la direction du journal. Cela a été une belle surprise pour moi. Personnellement, quand on me confie une responsabilité, je l’assume et je m’emploie à donner le meilleur de moi-même. C’est ce qui s’est fait avec l’étroite collaboration du confrère Alassane Cissé du Sénégal, et aussi l’enthousiasme de tous les autres membres de l’équipe.
Quel est votre regard sur le Masa 2020 dans son ensemble, surtout en tant que journaliste, critique d’art ?
Mon regard est un regard de satisfaction en ce sens que l’édition s’est tenue. A 95%, selon des chiffres officiels, les festivaliers étaient présents. Réussir la mobilisation des gens avec la situation sanitaire mondiale actuelle, c’est déjà une forte réussite. En plus de cela, les spectacles présentés sont d’une grande facture. Les artistes et groupes d’artistes sélectionnés ont vraiment travaillé pour mériter leur place à ce Masa. C’est important de le souligner. Malgré la pluie, les derniers jours, il n’y a presque pas eu de report ou d’annulation de spectacle. C’est pourquoi je note que, de façon globale, c’est satisfaisant.
Réalisé par Blaise Ahouansè