Le soir du dimanche 1er novembre 2020 au centre Okinawa à Tankpè dans la commune d’Abomey-Calavi. On assiste à la restitution de l’atelier de construction du jeu d’acteur initié et conduit par l’association Tout Gran théâtr Djogbé. C’est dans le cadre du projet « Vers la décentralisation culturelle » de l’atelier Ouverture Azo financé à travers le 11ème FED sur le programme RePaSOC et mis en œuvre dans quatre communes du Bénin à savoir Abomey-Calavi, Dogbo, Bohicon et Parakou.
Trente minutes ont suffi à la dizaine de stagiaires pour rendre compte de quatre jours -28 au 31 octobre 2020- de moment de partage qu’ils ont vécu avec le metteur en scène Didier Sèdoha Nassègandé. Le jeu qui a commencé eux environs de 19h est très dynamique et vivant. C’est du déambulatoire cette restitution, ce théâtre. Les mouvements se passent successivement sur une dizaine de plateaux qui se suivent sans se ressembler en termes d’espace, de contexte et de sujet. Politique, détournement de deniers publics, loto visa, genre, religion, amour, mort, etc., les histoires aussi varient de même que la posture des acteurs qui s’y adaptent. Apparemment des acteurs désormais outillés à pouvoir se défendre d’un plateau de théâtre à un autre avec toute la technicité et la responsabilité requises. C’est heureux car, il s’agit visiblement là d’une réponse à un besoin de formation spécifique dans le domaine du théâtre au Bénin.
Des acteurs désormais maîtres de leurs armes…
Le constat. D’une part, des comédiens qui sur certains plateaux n’ont pas les outils pour assurer à bien le jeu de l’acteur et se convaincre de l’avoir réussi à leur descente, ou s’adonnent à des mouvements peu mûris. D’autre part, des comédiens qui se limitent à « jeter du texte » sans pouvoir épouser la pensée cachée dans ce texte et défendre après l’aspect éducatif et loisir de ce texte. Le théâtre béninois en est malade.
Soutenant que « le comédien se retrouvant à n’importe quel endroit sur n’importe quel plateau doit pouvoir se défendre, exister et jouer », Didier Sèdoha Nassègandé apporte ainsi sa contribution à la résolution de cette difficulté ou insuffisance. Au cours de l’atelier, il a partagé avec les stagiaires, « les outils et les instruments aux mains du comédien pour qu’il soit un acteur bon ». Il a travaillé avec eux sur la technique sur le corps, la manipulation de la pensée et la voix. Ils ont travaillé aussi sur comment entrer dans la peau de quelqu’un, prêter sa pensée et le dire avec sincérité de l’auteur. « Je ne suis pas venu ici pour régler des questions d’articulation et de diction, mais s’interroger sur ce que nous faisons quand nous jouons, comment est-ce qu’on fait pour être de bons acteurs, le comédien et son jeu son métier.», confie le formateur.
… Et placé devant leurs responsabilités
Ce travail fait au cours du présent atelier vient remettre le comédien béninois face à sa capacité de pouvoir utiliser à fond des outils dont il dispose et sa responsabilité dans une création. Didier Sèdoha Nassègandé défend et transmet ici la culture d’un théâtre responsable axé sur la rigueur dans la méthode et la technique. Pour lui, le comédien est entièrement responsable de ses mouvements et paroles sur scène. C’est pourquoi, il doit le penser et le traiter suffisamment avant d’agir « pour que sa résonnance puisse transmettre ce dont il a conscience ». « Jouer est un acte d’engagement et de responsabilité. Si ce n’est pas le cas, c’est totalement faux à mon entendement », affirme le metteur en scène. Il confie être heureux d’avoir faire le travail avec ces stagiaires avec le même engagement, tout le charme et le bonheur qu’il peut mettre chaque fois dans l’outil de création, espérant que ces derniers sauront défendre leur carrière d’acteur en toute responsabilité devant tout enjeu.