Haffizou GANDA décroche avec mention très honorable avec félicitations du jury, son doctorat unique en sciences agronomiques option : Ressources Phytogénétiques et Protection des Cultures Spécialité : Entomologie. C’est à l’Ecole doctorale des sciences agronomiques et de l’eau de la Faculté des sciences agronomiques à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. Il a soutenu sa thèse vendredi 9 octobre 2020 sur le thème « Potentialité de production des larves de la mouche domestique (Musca domestica L. 1758) sur différents substrats ou sous-produits végétaux et animaux et évaluation de leur mode de conservation ».
De nouveaux systèmes efficients de production, de séchage et de stockage des larves de la mouche domestique M. domestica sont mis au point pour l’alimentation animale notamment des volailles. C’est à l’actif de Haffizou Ganda, désormais docteur en sciences agronomiques. Au bout de ses travaux de thèse, il est parvenu à une technologie innovante à ce propos. Les résultats qu’il a défendus vendredi dernier à la faveur de sa soutenance de thèse au campus numérique de l’Université d’Abomey-Calavi ont convaincu le jury international présidé par professeur Adam Ahanchédé qui lui a décerné la mention très honorable avec félicitations.
Haffizou Ganda vient en effet de répondre à un souci majeur dans le monde de la production animale. L’utilisation d’insectes comme source alternative de protéines dans l’alimentation animale devient de plus en plus pratiquée à l’échelle mondiale face aux coûts prohibitifs des aliments -y compris la farine de viande, la farine de poisson et la farine de soja- qui constituent une contrainte majeure de plus en plus grandissante au développement du secteur de la production animale. Mais il fallait aussi trouver des systèmes efficaces pour exploiter au maximum les potentialités de ces insectes. Dans sa quête, Haffizou Ganda s’est intéressé spécifiquement aux larves de la mouche domestique, Musca domestica L. 1758 (Diptera: Muscidae). Il s’est agi pour lui de travailler sur les potentialités de quelques substrats végétaux et animaux dans le cadre de la production des larves de mouche domestique mais également sur l’évaluation des méthodes de conservation.
Les évaluations
« Ainsi, une étude diagnostique a été entreprise pour identifier d’une part les invertébrés utilisés comme sources non conventionnelles de protéines dans l’alimentation des volailles et d’autre part les substrats pouvant être utilisés pour la production de larves de mouche », indique-t-il. Il a travaillé sur un échantillon aléatoire de 652 aviculteurs répartis dans cinq (05) départements et 22 communes du Bénin. 26 substrats et mélanges de substrats ont été testés pour évaluer leur potentiel de production en larves à travers un système de libre oviposition. Dans le but de développer un système efficient d’élevage de M. domestica, l’effet de cinq types d’aliments sur certains paramètres biologiques de cette mouche a été évalué. L’effet de quatre substrats de croissance (fiente de poulet, déjections de porc, son de soja et de maïs) sur la biomasse et la composition chimique des larves de M. domestica a été évalué après une période de croissance de 5 jours des larves.
« Sur le terrain les producteurs témoignent »
Au bout, le mélange son de soja + tégument de grain de maïs, le son de maïs, les déjections de porc et les fientes de poulet ce sont révélés comme étant les substrats les plus appropriés pour une production efficiente des larves de M. domestica. Il recommande le séchage des asticots frais sur des feuilles de tôle au soleil ou une brève torréfaction pendant 30 à 45 minutes suivie d’un séchage solaire est recommandé. Quant à la conservation pour de courtes durées, « il est préférable de stocker les asticots séchés sous forme de farine dans des récipients hermétiques pour réduire la perte en nutriments », conseille le nouveau docteur. Au-delà, il relève que « pour une meilleure contribution des larves de mouche à l’alimentation animale, d’autres aspects tels que la pathogénéité, l’effet des facteurs environnementaux le séchage et la conservation de ces larves et la rentabilité économique et financière d’une telle technologie doivent être sur évalués ».
La technologie proposée dans cette étude est à la portée des producteurs. La mise en application au niveau de plusieurs villages témoins a prouvé son efficacité déjà. « Les aviculteurs pratiquent déjà cette technologie ; ils produisent eux-mêmes les larves, donnent à leurs volailles pour améliorer leur niveau de productivité ; et témoignent déjà de l’efficacité du système », rapporte Dr Haffizou Ganda.