Document raffiné, écrit dans un style scientifique avec un niveau d’analyse soutenue et des illustrations pertinentes. Il se dégage également une maitrise du sujet de recherche par l’impétrant Kodjo Léon KAKANOU, avec une présentation qui va au-delà du contenu du document. Le sujet est original et abordé dans une approche rigoureuse avec une méthodologie correcte appuyée par un corpus théorique impressionnant laissant le jury international sidéré et satisfait face à un travail scientifique approfondi et utile à la recherche scientifique.

Ce sont entre autres ces observations qui ont fait déclarer à l’issue des délibérations l’impétrant, Kodjo Léon KAKANOU, digne du grade de docteur de l’Université d’Abomey-Calavi en Sciences du langage et de la communication dans la spécialité « Description linguistique » avec la mention « Très honorable » à l’unanimité du jury. La soutenance s’est déroulée le vendredi 17 Janvier 2020 dans les locaux de l’Ecole Doctorale Pluridisciplinaire (EDP) « Espaces, cultures et développements » de l’Uac.
Les travaux de recherche ont porté sur le sujet intitulé : « Données dialectologiques et dialectométriques de l’ajagbè, un ‘’parler’’ du Sud-Bénin et du Sud-Togo ». Ils ont été faits sous la direction de Monsieur Professeur Maxime da CRUZ, de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) avec comme codirecteur, le Professeur Pierre MALGOUBRIR, de l’Université Ouaga 1 Pr. Joseph KI-ZERBO.

Le jury international présidé par le Professeur Titulaire Médard Dominique BADA, avait comme examinateurs les professeurs N’guessan Jérémie KUADJO, et Martin GANGUE, de l’Université Félix HOUPHOOUET BOIGNY (Côte d’Ivoire) et de l’Université de Lomé (Togo).
Caractère scientifique de la thèse
La thèse de 547 pages divisée en 5 chapitres, s’est intéressée à la variation de l’ajagbè. Il s’agit selon l’impétrant d’une recherche qui se justifie par l’inexistence des travaux ayant mis en exergue les ressemblances et les différences au niveau des variantes de l’ajagbè. L’objectif précise-t-il, est d’identifier les variantes de l’ajagbè à l’aide des méthodes dialectrométriques et des tests d’intercompréhension et de déterminer leurs différences aux plans phonétiques, lexical et morphologique.

La présentation du document indique que l’analyse des données de terrain basée sur la méthode de hiérarchisation de l’espace dialectale a permis d’identifier six (06) variantes de l’ajagbè à savoir : le hwegbè, le tadogbè, le dogbogbè, le shikigbè, le talagbè et le kwengbè. « Les calculs ont ensuite montré que de façon théorique les locuteurs de ces différentes variantes se comprennent entre eux » a fait savoir l’impétrant Kodjo Léon KAKANOU.
Devant un jury très concentré sur le travail, le candidat explique combien l’administration des tests de compréhension entre les divers locuteurs de l’ajagbè a permis de se rendre compte des locuteurs se comprennent mutuellement mais à des degrés différents. Ainsi, il se dégage selon l’impétrant que le hwegbè est le ’’parler’’ le plus intelligible que les autres variantes ou parlers de l’ajagbè.
« L’analyse dialectologique des données d’enquête au plan phonétique a montré l’existence de correspondances rares et de correspondances fréquentes entre les ‘’parlers’’ . Au plan lexical, on note 96,37% de ressemblances et 3, 63% de différences entre les mots utilisés par les divers locuteurs de l’ajagbè. Ces ressemblances et différences sont consignées dans les tableaux récapitulatifs » a conclu Kodjo Léon KAKANOU.
Intérêt du sujet
Le candidat n’a pas occulté de partager avec les experts des sciences du langage et de la communication présents, l’assemblée et le jury, l’intérêt de sa recherche.

A l’en croire, il s’agit d’une recherche qui présente plusieurs avantages. « Les résultats obtenus serviront donc, à n’en point douter, à la définition d’une politique linguistique conséquence et à l’élaboration de manuels didactiques dès lors que l’ajagbè sert de médium d’enseignement dans le système éducatif au Bénin. Cette recherche permettra, en outre de dégager la variante de l’ajagbè de référence ou le dialecte le mieux compris des ajaphones. Nous espérons, par ailleurs, que ce travail, pourra susciter chez d’autres chercheurs en langues, des études dialectométriques sur les autres ‘’parlers’’ du Bénin afin que les divergences soient aplanies sur le nombre de langues au Bénin. Ainsi, on pourra redéfinir la classification et l’aménagement linguistiques au Bénin. Les résultats de cette recherche pourraient, aussi orienter les autorités ou les différences sous commission de langues au Bénin, dans le choix des ‘’parlers ‘’ ou variantes pour d’éventuels projets dans l’aire linguistique concernée » a indiqué le nouveau docteur, Kodjo Léon KAKANOU.
Un Jury satisfait
La démarche méthodologique adoptée, le contenu des résultats, l’originalité et la pertinence du sujet sont entre autres les éléments ayant émerveillé le jury qui a salué les efforts scientifiques de l’impétrant. Le jury a vu en lui, un candidat laborieux et engagé à féliciter au regard de sa ténacité et de son courage à aborder un tel sujet. Ce qui lui a valu le port de toge devant parents, amis intégrant ainsi, le cercle restreint des docteurs en linguistique de l’Université d’Abomey-Calavi.
Emmanuel GBETO